Croquis du magistral Régis Loisel pour le fabuleux film
"Le Petit Poucet" ... Site du film

Les rudes bûcherons et les charbonniers qui travaillaient là et, en saison, logeaient dans des huttes de feuillage, avaient parfois des mines si inquiétantes qu’en les voyant surgir du fond d’un taillis, on pouvait se demander si l’on n’avait pas affaire au fameux « homme des bois ». Certes, celui-ci ne passait pas pour bien dangereux, mais son seul aspect terrifiait. Qu’on en juge! Dans l’Owein (Yvain) d’un conteur gallois anonyme (XIIIe-XIVe siècles), le héros est prévenu que dans le bois il pourra trouver « un grand homme noir, aussi grand au moins que deux hommes de ce monde-ci (il appartient donc à l’ « autre monde »); il n’a qu’un pied et un seul oeil au milieu du front; à la main, il porte une massue de fer, et je te réponds qu’il n’y a pas deux hommes au monde qui n’y trouvassent leur faix. Ce n’est pas que ce soit un homme méchant, mais il est laid. C’est lui qui est le garde de la forêt, et tu verras mille animaux sauvages paissant autour de lui. »

Cet homme que rencontre Yvain dans la forêt est ainsi décrit dans l’Yvain de Chrétien de Troyes: « Un vilain ressemblant à un Maure, laid et hideux plus qu’il n’est possible, créature plus laide qu’on ne saurait dire, était assis sur une souche, une grande massue à la main.

Je m’approchai du vilain et je vis qu’il avait la tête plus grosse que celle d’un roncin ou d’une autre bête, les cheveux touffus, le front pelé et large de près de deux empans, les oreilles velues et grandes comme celles d’un éléphant, les sourcils grands et le visage plat, des yeux de chouette, un nez de chat,  une bouche aussi largement fendue que la gueule d’un loup, des dents de sanglier aigus et rousses, une barbe rousse et des moustaches tortillées; son menton joignait sa poitrine et son échine était longue, torse et bos­sue. Il était appuyé sur sa massue, et il était vêtu d’un habit étrange: il n’était ni de lin ni de laine, mais le vilain portait attachées à son cou deux peaux de bêtes fraîchement écorchées, de deux taureaux ou de deux boeufs »

Jacques Brosse  © 2001-2004  Asso Acteurs du Combat dit Lumeçon Service Fêtes Ville de Mons