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AU CONFLUENT DE DEUX MYTHES (Suite2)
Marcel-Etienne Dupret
Historien et Archéologue

Imprégné des valeurs vassaliques, il peut se transformer en chevalier courtois, se livrant avec grâce au jeu de l'hommage et de la galanterie avec une princesse élue, ou en croisé impitoyable dont la bannière-lance pare la menace d'un dragon-infidèle et exalte la Vraie Foi.

Plus que jamais, il est le héros qui assure le triomphe d'une juste cause, ce qui lui vaut d'être le patron de villes et de pays entiers, et le protecteur d'innombrables associations qui se disputent ses reliques Angleterre, Portugal, Catalogne et Aragon, ordres de la Jarretière et des Chevaliers teutoniques, mais aussi cavaliers, archers, arbalétriers, armuriers, voir selliers et laboureurs...


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Ce dernier groupe nous entraîne dans une autre direction, car à la perspective du combat s'ajoute celle de la fécondation, particulièrement présente dans l'Italie de la Renaissance.

 

En débarrassant du monstre une région aride et dévastée, saint Georges libère le sol lui-même, livre la terre au travail de la charrue qui l'ouvrira et la fertilisera, au profit de la ville toute proche.

 

La conversion du pays est donc double, religieuse mais aussi agraire - et c'est dans cette optique que l'on peut déchiffrer les paysages opposés qui forment l'arrière-plan de plus d'une scène d'affrontement, chez Carpaccio, Uccello et tant d'autres.

Objet d'anathème de la part des Réformateurs, effarés par la vigueur de son culte omniprésent et si visiblement entaché de traces


païennes, Saint Georges se maintient, triomphe partout ou presque. Mieux encore, et presque littéralement, il est un fer de lance de la Contre-Réforme, comme le souligne, au début du XVIllème siècle, sa position centrale dans le choeur de l'église de Weltenburg, sous une composition allégorique ayant pour thème - ce n'est sûrement pas un hasard - le Triomphe de l'Église. Mais le succès fantastique du saint tueur de dragon n'a jamais entièrement éteint la suspicion dans   laquelle le tenait l'Église catholique, plus encline à composer avec le héros incontournable qu'à l'incorporer dans ses rangs de manière indissoluble. Quand l'appel à la rationalité se fait plus fort, quand le manque patent d'historicité du martyr dérange un monde qui s'éloigne de ses mythes fondateurs, quitte à s'en chercher de nouveaux, son culte est condamné à un rapide déclin, entamé au XlXéme siècle. La tendance aboutira, en 1961, à la suppression de sa geste au calendrier des saints et, en 1969, à sa réduction à un rôle local et folklorique. Cependant, un mythe tellement prégnant ne se laisse pas détruire sans combat, et saint Georges renaît périodiquement dans notre imaginaire collectif de la fête populaire aux réécritures littéraires et plastiques, des chemins nouveaux s'ouvrent sous les pas de son cheval et le mènent à d'autres rendez-vous.


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